Eugen DREWERMANN RECONCILIE et ECLAIRE THEOLOGIE et PSYCHANALYSE - 26 Mars

Publié le par Desperret Yann




Biographie d'Eugen Drewermann
Prêtre, théologien et psychanalyste jungien allemand, Eugen Drewermann est né de mère catholique et de père luthérien. Après le bac (Abitur, en Allemagne) , il étudie la philosophie à Münster, la théologie à Paderborn et la psychanalyse à Göttingen. En 1956, à la création de la conscription, il entre pour la première fois en conflit avec l'Eglise catholique romaine, du fait de ses convictions pacifistes. L'Eglise catholique défend le point de vue qu'un catholique n'a pas le droit de refuser le service militaire. Il est ordonné prêtre en 1966 et travaille dans une paroisse étudiante. Il soutient sa thèse en 1978 sur la structure du mal dans le Yahwisme. Maître de conférence (privat-dozent) en Histoire des Religions et Dogmatique à Paderborn jusqu'en 1991 (université catholique) , il tente de concilier la doctrine de l'Église catholique avec les connaissances acquises (critique biblique, psychanalyse) et l'évolution de la société. Suspendu d'enseignement théologique à l'Université catholique de Paderborn par l'évêque Degenhardt, suite à son livre 'Fonctionnaires de Dieu' en 1989, l'université publique de Paderborn s'honore de lui ouvrir une chaire de sociologie et anthropologie de la civilisation. Actuellement, il est psychothérapeute et conférencier libre, l'un des plus convoités du
monde. (sic)

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NOTRE AVIS
Nous sommes convaincus que c'est en créant des liens vers d'autres liens que nous génèrerons d'autres liens qui tisseront à leur tour....d'autres liens !
Grace à internet il devient ainsi possible d'éviter l'enfermement intellectuel que nous impose les pamphlétaires anarchistes  et les Libres penseurs de sensibilité démagogique.Il est là le danger !
Tomber dans le panneau des marginaux manipulateurs qui sont persuadés d'avoir raison.

La pire des pestes c'est la Raison humaine disait Luther !!!  

La contribution de Drewermann est à plusieurs titres nécessaire. En effet il s'agit là d'une autre lecture,d'une autre vision plus approfondie et surtout objective.
Il est un spécialiste de haut niveau à la fois religieux et psychanalyste pour éclairer de manière absolument objective un faisceau de réalités. 
Cela n'a rien à voir avec les tentatives d'explications farfelues ,les interprétations démagogiques sans fondement que nous livre par exemple Michel Onfray.
Onfray n'est pas psychanalyste ni religieux. C'est un pamphlétaire qui excelle dans la,polémique.
Il n'amène rien de constructif au débat philosophique . La jouissance hédoniste qu'il préconise
d'après lui (...) sonnerait le glas à la Religion. Onfray n'est le dépositaire d'aucun système de penser.

C'est tout l'inverse.  La psychanalyse justement - explique Drewermann- n'oppose pas le fait religieux et les névroses sexuelles dont souffriraient les Chrétiens d'après Onfray.Bien au contraire.
Aimer son Corps n'est pas incompatible avec la Foi.

Les plus virulents des polémistes pronent meme l'apostasie ! Un comble !
Ce qui compte en Psychanalyse c'est d'aller à l'Essentiel. Michel Onfray semble ignorer cette vérité incontournable.




Drewermann résume lui-même très bien son programme lorsqu’il écrit : « On a oublié cette idée essentielle qu’il existe chez les hommes de tous les temps des vérités qui ne sont transmissibles que sous la forme de contes, mythes, rêves, etc. C’est pourquoi, dans mes deux volumes de Psychanalyse et exégèse, je me suis efforcé de jumeler l’histoire des formes de la Bible et une anthropologie psychanalytique permettant de dégager la vérité éternelle de l’homme, celle qui nous oblige toujours à recourir à des formes d’expression symboliques adaptées. C’est cette vérité humaine éternelle, celle qui s’exprime dans des formes de récits adaptées, qu’il faut commencer par flairer psychologiquement pour pouvoir jauger à sa juste valeur le caractère religieux du message biblique. Ainsi seulement me paraît-il possible de tirer de la Bible le message correspondant à son intention, celui qui reste susceptible d’intéresser les hommes de tous les temps. Seuls les moyens psychologiques permettent de trouver soi-même le point de jonction rendant fondamentalement intelligible la forme symbolique du langage biblique. » (La parole qui guérit, Paris, Cerf, 1993, p. 216-217).

Quant à l’objectif général de ce livre, il est de nous apprendre que, en surmontant notre angoisse et en ouvrant notre cœur à la joie du ciel, nous verrons se reproduire dans notre vie les miracles de guérison tout aussi déconcertants et admirables que jadis. En d’autres mots, le but du livre est clairement thérapeutique : il veut permettre aux lecteurs et aux lectrices de vivre de façon plus saine, d’espérer de façon plus audacieuse et de découvrir le caractère sacré et la dignité de leur vie.

La lecture des seules notes reportées à la fin de l’ouvrage (p. 549-640) est, à maints égards, révélatrice. L’auteur le plus souvent cité est Drewermann lui-même et c’est probablement là un signe qu’il est un penseur solitaire et novateur. Certes, après Freud et Jung, d’autres psychanalystes ont interrogé la Bible, mais Drewermann les ignore. Ainsi, les analyses de Françoise Dolto et Gérard Séverin (L’évangile au risque de la psychanalyse, Paris, J.P. Delargue, tome I, 1977, 179 pages ; tome II, 1978, 183 p.), bien qu’elles portent souvent sur les mêmes récits retenus par Drewermann, ne sont pas citées une seule fois dans les 1062 pages de Psychanalyse et exégèse.

La même remarque s’impose pour les travaux de Jacques Pohier et d’Antoine Vergotte, pour ne citer que ces deux autres grands psychanalystes français qui ont publié dès les années 1970-1980 maintes études psychanalytiques sur la Bible et la tradition chrétienne. Enfin, en ce qui concerne les travaux d’exégèse, seuls les Allemands sont cités et ils ne le sont que pour être critiqués !


Cette critique s’adresse essentiellement à l’exégèse historico-critique, et elle est omniprésente dans tout l’ouvrage. Le réquisitoire de Drewermann se résume en quatre grandes accusations. Premièrement, les méfaits de l’érudition ont transformé le savoir et l’expérience de la fréquentation des puissances divines en science insignifiante et en discours sur les formes extérieures de notions passées, auxquelles le présent ne peut qu’être insensible. Au lieu de communiquer une expérience, l’érudition ne fait qu’enseigner des notions pour interpréter une expérience étrangère ; elle remplace ainsi les sentiments religieux vécus à l’origine par des théories rationnelles sur les conséquences probables de ces expériences.

Deuxièmement, l’exégèse historico-critique a réduit la Bible à une source d’idées religieuses, dont le seul intérêt est l’histoire de leurs effets. Cet historicisme rationaliste ou ce biblicisme fanatique n’engage à rien du point de vue existentiel et c’est pourquoi il a joui d’un si grand succès dans les milieux universitaires. Troisièmement, l’exégèse historico-critique se condamne non seulement à négliger le contenu religieux des textes bibliques, mais elle instaure en même temps une distance croissante entre le présent et le passé. Dit autrement, en étant exclusivement consacrée à la recherche du lieu historique de la religion, les méthodes historico-critiques mettent le présent hors jeu et introduisent la sécularisation en plein cœur du christianisme. Quatrièmement, l’exégèse historico-critique nous fait certes de savants discours sur Dieu, mais elle s’avère incapable de tenir un discours existentiel.

Ce discours sur Dieu a pour effet qu’il n’est jamais sérieusement question du sens du texte pour la propre existence des hommes et des femmes d’aujourd’hui.


Pour Drewermann, seule la psychologie des profondeurs peut surmonter la scission entre le sujet et l’objet — sous-jacente à l’exégèse historico-critique, voire à toute la notion moderne de science — car elle réintroduit l’unicité de l’expérience constitutive de tout véritable vécu religieux. En plus de la psychologie des profondeurs (surtout avec Jung, mais aussi avec Freud), Drewermann n’hésite pas à faire appel à l’histoire des religions des peuples (surtout avec Eliade et des égyptologues comme Hornung), à l’ethnologie, à l’anthropologie empirique (avec une attention particulière au monde des shamans) et à la réflexion philosophique (surtout avec Kierkegaard et Nietzsche).
Cette idéalisation de la psychologie des profondeurs, soutenue par une érudition incontestable, ouvre certes des voies suggestives, mais elle ne justifie aucunement son approche éclectique ni surtout sa critique des méthodes historico-critiques. Bien sûr, je suis favorable à l’interdisciplinarité — ce qui inclut les diverses approches psychanalytiques —, car l’application d’une seule herméneutique ne peut être que réductrice et mutilante. Toutefois, la méthode éclectique de Drewermann fait trop souvent l’économie du texte : là où un passage résiste à son interprétation, il change de méthode. Lorsque Freud n’est plus utile, c’est Jung qui prend le relaie et lorsque la psychologie s’avère incapable de justifier une interprétation, c’est Eliade ou Hornung qui est convoqué. Ainsi, le texte biblique est trop souvent conduit à dire ce que Drewermann cherche précisément à lui faire dire. En ce sens, son exégèse ressemble parfois davantage à l’art de la projection plutôt qu’à l’art de l’explication. Que projette-t-il ? Rien d’autre que les soi-disant invariants de la pensée religieuse humaine. N’est-il pas difficile qu’il en soit autrement lorsqu’on considère la Bible comme un message transculturel et atemporel et qu’on y cherche la vérité universelle et identique de l’âme humaine ?

Quant à son appréciation des méthodes historico-critiques, elle est pour le moins surprenante. Alors qu’à partir du seizième siècle on a reproché aux exégètes et aux théologiens leur irrationalité, Drewermann leur reproche maintenant leur trop grande rationalité ! Certes, Drewermann reconnaît à l’occasion sa dette à l’égard de l’exégèse historico-critique, mais il en fait une caricature lorsqu’il affirme à chacun des chapitres qu’elle ne s’intéresse aucunement à ce que signifie le texte pour le lecteur d’aujourd’hui et qu’elle s’oppose totalement à la passion du religieux. Il est indéniable que l’exégèse historico-critique a connu une dérive positiviste, mais cet égarement ne suffit pas — contrairement à ce que d’aucuns croient — à discréditer le modèle exégétique en tant que tel. Il est tout aussi incontestable que certains travaux exégétiques se limitent toujours à reconstituer les événements et les idées du passé, donc à refouler le texte dans un passé révolu, mais on pourrait rétorquer que même ces travaux — de plus en plus rares — ont fortement contribué au dialogue avec la modernité et au rapprochement œcuménique. En outre, après avoir observé comment Drewermann n’hésite jamais à faire référence à certains œuvres littéraires contemporaines ou anciennes pour y chercher la simple justification de son interprétation, je suis convaincu, et plus que jamais, que seule une bonne herméneutique des origines — impossible à faire sans les méthodes historico-critiques qui nous rappellent constamment que la foi chrétienne est impérativement liée à l’histoire — permet d’effectuer une bonne herméneutique des effets et des conséquences.
En définitive, l’exégèse drewermanienne ne mérite ni une critique purement négative (voir dans ce sens l’ouvrage très polémique de Pierre Grelot, Réponse à Eugen Drewermann, Paris, Cerf, 1994, 222 p.) ni une simple défense passionnée (voir dans ce sens l’éclairant ouvrage de Bernhard Lang, Eugen Drewermann, interprète de la Bible, Paris, Cerf, 1994, 172 p.). Que l’on soit d’accord ou non avec les interprétations proposées dans ce livre, celui-ci reste stimulant du début jusqu’à la fin et pose de nombreux défis aux exégètes d’aujourd’hui, dont ceux de l’interdisciplinarité et de l’ouverture à une spiritualité universelle.



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Publié dans contre-michelonfray

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T
<br /> <br /> J'ai lu avec attention la réaction de Yann à l'approche herméneutique de Drewermann. Voici quelques remarques. Il me paraît incontestable que la Bible a un message à dire, les auteurs sacrés<br /> avaient quelque chose à dire aux hommes de leur temps sans nul doute, les juifs. Mais, ils ne pouvaient réaliser ce projet en imbriquant dans leur écriture plusieurs méthodes. Ils ont dû se<br /> résoudre à une seule méthode, mieux à un type de langage donné; ils ont dû, certainement, choisir entre deux approches du langage humain: l'approche directe, linéaire qui utilise un langage<br /> objectif et possitiviste ou l'approche indirecte, symbolique qui, elle, use des entités du langage naturel, objectif, avec une connotation différente. Il est vrai que les deux types de langages<br /> peuvent cohabiter dans un même texte; mais cette jonction ne se fera que de manière passagère, elle laissera toujours en exergue le choix et la primauté de l'un sur l'autre.<br /> <br /> <br /> L'appréhension de l'intention du texte ne sera parfaite que lorsque l'on aura au préalable identifié le type de langage utilisé par l'auteur. Tant il est vrai qu'à chaque langage appartient une<br /> vérité: vérité naturelle, historique, temporelle, physique, matérielle pour le langage direct et naturel, vérité métaphysique, a-historique, intemporelle, immatérielle pour le langage<br /> indirect  et symbolique.<br /> <br /> <br /> Je me pose alors une question: quelle est la nature de la vérité véhiculée par la Bible? Quel est la nature du message biblique? Est-ce un message physique, temporel, matériel ou un message<br /> métaphysique, atemporel, immatériel?<br /> <br /> <br /> Toute herméneutique ne saurait se dérober, sincèrement, à cette interrogation.Toute interprétation des écrits sacrés, de la Bible en particulier, qui fait l'économie de cette question, prend le<br /> parti de naviguer à vue, avec tous les risques d'égarement possible.<br /> <br /> <br /> Ainsi, toutes les méthodes exégétiques devaient servir un idéal:mettre exergue le type de vérité, physique ou métaphysique, que distille la Bilble.<br /> <br /> <br /> Or, quelle est cette vérité qui est celle de la Bible? En toute simplicité, la bible ne nous raconte pas une "histoire".Elle prend appui, bien sûr, sur des éléments historiques, elle utilise,<br /> bien sûr, des villes, des objets, des personnages qui ont un lien évident avec l'histoire. Mais ,est-ce suffisant pour faire de la Bible un livre historique, lorsque l'on sait qu'au coeur de ce<br /> Livre, se trouve un Etre métaphysique? La Bible s'adresse à des êtres historiques, dira-t-on;Dieu et son message se sont incarnés, argumentera-t-on. Mais, à qui parle la Bible, à la conscience<br /> humaine ou à son coeur? quelle est la partie de l'homme qui est intéressée par le message de ce Livre? De quelle réalité, en fait, nous parle ce Livre?<br /> <br /> <br /> Il est incontestable que si c'est pour nous parler d'un peuple historique donné, cette Bible ne devrait plus avoir droit de cité chez d'autres peuples.Car, sur quelle base un livre relatant les<br /> péripéties d'un peuple donné devrait-il être un modèl incontournable pour d'autres? Et pourtant ce Livre aspire bien à l'universalité:c'est une Parole qui ne passera pas.La Bible s'applique donc<br /> à tous les peuples et à tous les temps.C'est un message univerel,a-historique,intemporel.C'est un message métaphysique. Du moins, les réalités dont Elle parle essentiellement(Dieu, ciel,<br /> enfer,coeur,âme,salut...) sont bien des réalités que l'on ne peut pas décrire avec le langage naturel direct. Elle parle aussi des réalités matérielles bien sûr (hommes, arbres, villes...), mais<br /> lorsqu'on a compris l'essence de son message, on se rend vite compte que c'est soit pour relier ces dernières réalités aux premières, soit dans un sens symbolique et donc avec une connotation<br /> métaphysique et non physique.<br /> <br /> <br /> Or, l'on ne peut pas parler de réalités métaphysiques en utilisant le langage naturel direct de manière absolue, c'est-à-dire avec toutes ses connotations.Le monde métaphysique, en effet, est<br /> tout à fait différent et même opposé au monde physique."l'affection de la chair est inimitié contre Dieu" nous dit Paul, et "la chair est tout à l'opposé de l'Esprit. Pour rendre compte des<br /> réalités spirituelles, l'homme est obligé d'utiliser l'analogie du langage naturel avec une connotation du second degré, ou connotation symbolique. Le langage symbolique est donc celui qu'ont<br /> adopté les auteurs sacrés pour relater le fonctionnement du monde métaphysique. Mais, il ne s'agit pas de n'importe quel symbolisme, il s'agit bien du symbolisme de l'âme, du coeur de l'homme, le<br /> symboliste de sa vie intérieure, de sa psyché. Au passage, il faut noter que cette intériorité reste la même quelle que soit l'endroit où l'on se trouve.Les auteurs sacré se sont rendu compte, et<br /> c'est extraordinaire, que l'âme humaine est la même partout.D'où, en délivrant leur message, ils ne s'adressaient pas seulement au juif, mais à l'Homme. Ils feront dire à Jésus:"la Terre passera,<br /> mais ma parole ne passera pas". On ne peut pas le comprendre autrement que comme une affirmation de l'invariabilité du fonctionnement de l'âme humaine.<br /> <br /> <br /> D'ailleurs, l'on sait où nous a conduit une interprétation historique de la Bible: à des impasses et des incongruités dans la croyance matérielle des faits comme: jardin d'Eden, Adam et Eve,<br /> Jéricho, passage de la mer rouge, contradiction apparente des évangiles...L'archéologie biblique dé-historicise aujourd'hui tous ces événements dans la réalité historique desquels on a cru des<br /> siècles durant.Ces impasses sont simplement une invite à changer d'orientation.En cela,la méthode historico-critique demeurera, à mon avis, utile pour dévoiler les contradictions et les<br /> invraisemblances de beaucoup de récits bibliques; invraisemblances qui appellent à chercher une autre explication, notamment symbolique, que matérielle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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H
Bravo pour ce remarquable dossier sur Eugen drewermann.je ne connaissais pas le fond de la pensée de ce type.<br /> y a rien a voir avec la potiche onfray celui qui defraie la chronique avec ses bouquins comiques. il faut analyser.ya du bon et du mauvais quand meme. merci yannHusillo
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